La création d’un Haut Commissariat à la jeunesse s’est accompagnée de la mise en place d’un Fonds d’expérimentations doté de 150 millions d’euros pour les années 2009 et 2010. Le troisième appel à projets, lancé en décembre dernier, comprenait deux axes : l’un portait sur l’engagement des jeunes et l’autre sur les choix d’orientation scolaire et professionnelle des jeunes filles. Ce nouvel appel à projets faisait suite à deux appels concernant la lutte contre les discriminations, l’amélioration de l’accès au logement et de l’accès aux soins et l’Outre-mer. L’originalité de ces différents appels réside essentiellement dans le fait que les réponses des porteurs de projets doivent être systématiquement accompagnées d’une proposition d’évaluation. Le guide d’évaluation – accessible à l’adresse suivante : www.lagenerationactive.fr – privilégie une approche expérimentale avec mise en place de groupes témoins. Les chercheur-e-s de l’École d’économie de Paris jouent un rôle important dans le pilotage du dispositif évaluatif. L’importance des financements mobilisés et la volonté de conduire des évaluations avec une rigueur méthodologique inspirée directement des méthodes expérimentales suscitent un fort intérêt des équipes d’évaluateurs. Dans le même temps, elles génèrent quelques troubles liés au fait d’entrer dans des protocoles jusqu’alors peu utilisés dans le secteur social. Si cette approche présente l’avantage de valoriser la publication des travaux en accroissant leur robustesse méthodologique, la fiabilité et la réfutabilité de leurs résultats, le risque serait que ces publications ne se fassent que dans des revues académiques peu lues par les professionnels. Par ailleurs, il conviendrait de se garder de passer à côté de l’analyse des résultats des évaluations conduites dans les établissements sociaux et médico-sociaux à la suite de la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale – ces derniers sont consultables sur le site du ministère de la Santé : www.sante.gouv.fr –. Il serait dommage en effet qu’au terme d’une période où l’on parlait beaucoup d’évaluation sans en voir les résultats, de nombreux résultats évaluatifs soient produits sans être portés à la connaissance des intéressés.