Comment les proches définissent-ils leurs interventions face à un enfant qui est ou devient adulte lorsque surgissent des troubles psychiques ? Ce travail porte sur les interventions familiales auprès de personnes qui ont fait l’objet d’une hospitalisation sous contrainte en psychiatrie. Il s’appuie sur une enquête qualitative fondée sur des entretiens approfondis avec des proches (principalement des parents, mais aussi des frères et sœurs, conjoints et amis) de personnes ayant été hospitalisées sous contrainte en psychiatrie (n=25) et sur des observations de rendez-vous (n=15) lors de permanences d’une association de proches, l’UNAFAM (Union Nationale des Familles et Amis de Malades Psychiques). Il montre que l’intervention des parents ne commence pas avec la qualification psychiatrique des troubles mais s’inscrit, dans un premier temps au moins, dans la continuité de l’intervention parentale auprès d’enfants adolescents ou jeunes adultes. Il met en évidence ce travail de qualification non-linéaire des conduites jugées problématiques par les proches, la qualification psychiatrique tendant à être repoussée au profit d’autres hypothèses de conduites déviantes (usage de drogues, mauvaises fréquentations…) ou d’une psychopathologisation euphémisée (« déprime », crise adolescente…) tant que le recours à la psychiatrie elle-même ne paraît pas indispensable – en tant que celle-ci dispose précisément d’un mandat d’enfermement lui donnant les moyens d’« empêcher » des conduites et/ou en tant qu’elle est investie d’une capacité de guérison. Au sein des interventions effectives des proches, il met en évidence deux modalités : intervention extensive et intervention à distance, et ce qui conduit plutôt à l’une ou l’autre, au sein d’une économie des engagements du cercle des personnes intervenant.