Être pris en charge sans dépossession de soi ? - EHESP - École des hautes études en santé publique Access content directly
Journal Articles Alter: European Journal of Disability Research / Revue européenne de recherche sur le handicap Year : 2012

To be taking care of without being dispossessed of one's self?

Être pris en charge sans dépossession de soi ?

Abstract

The case study on Jeanne Masson, a 95-year-old widow living at home, is cause to reflect upon the specific nature of psychic disability when defined as the inability to decide. It highlights the changes required in care giving when a patient is diagnosed with Alzheimer's disease, an irreversible cognitive impairment, as opposed to stress, a curable affective disorder. In this case, the diagnosis brought to a head the daily crisis that worsened when changes were made in the household without any consultation among the children (three married sons) and information on Jeanne's medical condition was not communicated properly. The professional home care givers and all the family members got caught in a cycle of mutual disrepute that marked the decision-making process till, after several hospitalizations, Jeanne was finally put in an old people's home. The interpretation of Jeanne's financial behavior and eating habits as symptoms of Alzheimer's disease put paid to her attempts to save face. This led her into a process of self-dispossession that some of her close relatives tried to prevent. As soon as the day-to-day upheavals and health problems came to an end, the protagonists of this drama erased all memory of the practical and interpretative violence that Jeanne was subjected to.
L’analyse du cas de Jeanne Masson, une veuve de 95 ans vivant à son domicile, permet de s’interroger sur la spécificité des troubles de la conscience et sur la perte de la capacité à décider. Il met en évidence le rôle que jouent, dans le changement de prise en charge et dans le destin de Jeanne, deux diagnostics différents, le diagnostic de maladie d’Alzheimer, déficience cognitive irréversible, opposé au diagnostic de stress post-traumatique, trouble psychique guérissable. Ces diagnostics interviennent pour clore une crise de prise en charge qui prend une tournure d’autant plus dramatique que le changement de maisonnée s’effectue sans concertation entre les enfants (ici trois fils mariés) et que l’information médicale sur Jeanne ne circule pas de façon satisfaisante. Les professionnels du domicile sont pris, tout comme les membres de l’entourage familial, dans des accusations réciproques qui ponctuent le processus de décision jusqu’au placement en maison de retraite après plusieurs hospitalisations. L’interprétation des comportements financiers et alimentaires de Jeanne comme des symptômes de maladie d’Alzheimer fait échouer les tactiques de Jeanne pour ne pas perdre la face, l’entraînant dans un processus de dépossession de soi qui sera contrecarré par une partie de ses proches. Une fois la crise quotidienne et sanitaire passée, le souvenir même de cette violence pratique et interprétative contre Jeanne disparaît parmi les protagonistes du drame.

Dates and versions

hal-03630806 , version 1 (05-04-2022)

Identifiers

Cite

Florence Weber. Être pris en charge sans dépossession de soi ?. Alter: European Journal of Disability Research / Revue européenne de recherche sur le handicap, 2012, 6 (4), pp.326-339. ⟨10.1016/j.alter.2012.08.009⟩. ⟨hal-03630806⟩
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