Cette rubrique est rédigée au moment où les témoignages sur les violences sexuelles contre les femmes et le harcèlement abondent dans les médias et où les débats sur le sujet s’amplifient sur les réseaux sociaux. Depuis plus d’une quinzaine d’années, de nombreuses études et recherches se sont saisies de la question des violences faites aux femmes. L’enquête Virage, après plusieurs autres, fournit des données précises et précieuses pour comprendre la réalité et surtout l’ampleur de ces comportements.
Une fois de plus, on s’étonne de l’absence de liens entre les productions de la recherche et les évolutions de l’opinion publique ou de la faiblesse de l’inscription sur l’agenda public de questions sociales largement identifiées par ailleurs. La thèse de Véronique Blanchard sur « les mauvaises filles » propose une hypothèse pour répondre à cette interrogation. L’auteure montre comment, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la justice pour l’enfant et l’adolescent, bien que profondément renouvelée par l’ordonnance de 1945, avait tellement intériorisé les logiques de genre qu’elle jugeait différemment les garçons et les filles en fonction des attentes et des représentations du moment.
La recherche nous aide à progresser collectivement lorsqu’elle permet de poser de nouvelles questions et non pas seulement de fournir une réponse aux questions déjà connues. La recherche sur les migrations, les travaux du Céreq sur le déclassement, ceux de l’Onpes sur la définition de l’enfant pauvre participent de cette recherche sur de nouveaux questionnements et sur les liens à établir entre production de recherche et décision publique. Benjamin Stora et ses collègues fournissent ainsi des pistes intéressantes pour renforcer les liens entre recherche et intervention publique.