Ils partirent plus de trois cents mais à peine dix arrivèrent à bon port. Ils et elles sont les candidats et candidates admis au concours 2015 de l’agrégation du secondaire en sciences sociales et médico-sociales. En 2014, l’Éducation nationale organisait un premier concours ouvert au recrutement interne. Cette année, il s’agissait du premier concours externe. Comme pour toute agrégation, les épreuves sont longues et ardues. L’admissibilité comprend deux dissertations de six heures chacune, l’une sur les questions sociales et l’autre sur les politiques sanitaires. L’admission se fait sur trois épreuves, dont une leçon de quarante-cinq minutes sur un sujet tiré au sort et préparée en quatre heures. Plusieurs travailleurs sociaux étaient candidats cette année. Le modèle général de l’agrégation appliqué au social est le même que pour les autres matières et disciplines. Il faut certainement se réjouir de cette entrée du social par la porte la plus légitime au sein de l’Éducation nationale qui cesse ainsi de le considérer au mieux comme un sous-produit d’autres disciplines ou, au pire, un champ que l’on peut laisser de côté lorsque les emplois du temps sont trop chargés. Reconnaissons que l’investissement est énorme pour l’institution qui organise ce concours et pour les candidats qui doivent préparer un programme très vaste. On peut regretter que le social soit contraint de se plier à un exercice par ailleurs décrié pour son élitisme. Cette ancienne critique retrouve une actualité à la lecture d’un des derniers rapports de l’inspection générale de l’Éducation nationale : en un peu plus de 200 pages, il demande si la mobilisation des compétences les meilleures de l’institution au service des élèves les mieux classés est de nature à réduire les inégalités sociales et scolaires et à accueillir puis accompagner des enfants de familles pauvres. En contrepoint, un autre rapport présenté dans cette rubrique conduit une réflexion méthodologique fort intéressante sur la mesure des inégalités scolaires.