La nécessité de publier les résultats de leurs travaux dans des revues qui permettent de gagner des points dans les classements internationaux conduit une large part des universitaires et des chercheurs à délaisser les commandes d’études et de recherches ponctuelles. Cela s’applique à l’ensemble de la pyramide académique, du doctorant qui sait qu’il ne pourra soutenir sa thèse que s’il a publié deux ou trois articles, au professeur de première classe qui vise l’éméritat. Ce déportement des travaux de recherche vers l’académique laisse un espace à découvert pour le secteur de l’étude. Si, de plus, un appel d’air financier provient de collectivités locales, d’agences régionales de santé ou de telle ou telle institution qui lance de vastes programmes d’évaluation, le secteur des études connaît un regain d’activité. Des réseaux comme celui des Carrefours de ressources et d’études pour l’autonomie et l’inclusion (Creai) ou des Observatoires régionaux de la santé (Ors), qui avaient conservé de solides compétences dans les secteurs sanitaires et sociaux se retrouvent, pour peu que leurs équipes soient dynamiques, en bonne place pour réaliser des investigations territoriales ou locales. Il arrive même que des Creai passent des alliances avec des observatoires régionaux de la santé qui ont une vision très large de leur champ de travail, intégrant l’action sociale et la lutte contre les inégalités. Plusieurs travaux présentés dans cette rubrique témoignent de ce dynamisme.Les trois premiers rapports ne relèvent pas véritablement de l’étude mais plutôt de l’observation des populations et des politiques publiques. Au moment où les débats publics s’agissant des Roms de Roumanie et de Bulgarie sont parfois très violents, plusieurs rapports issus du monde associatif comme de l’administration portent un regard convergent sur nos capacités et notre volonté mais aussi nos difficultés à créer une société plus solidaire.