Deux travaux présentés dans cette rubrique rendent compte de recherches portant directement sur des pratiques de travail social de terrain. Le premier décortique les interactions et les jeux relationnels entre des professionnels et des demandeurs d’aide de cultures différentes, le second s’interroge sur la composante sexuée de l’intervention sociale auprès de personnes sans-abri. Dans les deux cas, ces papiers s’appuient sur une véritable démarche de recherche : position du problème dans la littérature, présentation de problématiques et d’hypothèses, description des méthodes, énoncés et discussions des résultats. Ces articles auraient pu être publiés dans une revue spécialisée et académique comme « Social Work » ou encore dans le « Journal of social work » (Sage Publications). Ces exemples renvoient à des travaux réalisés en Allemagne et en Suisse et à des publications nord-américaines. La recherche en travail social ne serait donc pas une spécificité française. Le choix d’une formation des travailleurs sociaux en dehors des universités, la faiblesse des apprentissages par la recherche dans les centres de formation, la survalorisation française d’une approche disciplinaire qui ne laisse pas de place à des thématiques comme les « gender studies » ou les « disability studies » et encore moins les « social work studies » constituent quelques-unes des causes de la faiblesse de la recherche en travail social. À certains moments, des tentatives ont été faites pour s’éloigner de cet état. Ce fut le cas avec la création des diplômes supérieurs en travail social dont l’option recherche est néanmoins assez vite tombée en déshérence. La période actuelle voit se conforter quelques nouvelles tentatives. Nous pensons en particulier à la démarche volontariste relancée autour de l’Association des chercheurs des organismes de la formation et de l’intervention sociale (Acofis, www.acofis.org) et de son président Manuel Boucher, une initiative intéressante à regarder avec attention et surtout à soutenir.