Ces lignes sont rédigées dans les derniers jours de février 2009. Les plans sociaux succèdent aux licenciements collectifs. Le chômage est reparti à la hausse, les emplois en intérim chutent. Les prévisionnistes annoncent la récession. Paradoxalement, les chiffres et les tendances évoqués dans la plupart des rapports de cette rubrique font état d’un autre mouvement. La baisse du nombre des allocataires des minima sociaux, l’augmentation de celui des donateurs, la diminution des personnes qui viennent demander un secours dans les permanences des associations caritatives se retrouvent d’une étude à l’autre. Il ne faut pas s’étonner de ce décalage. La plupart de ces rapports ont été écrits dans un moment où la crise restait sous-jacente, peu visible, et où les tendances économiques semblaient s’orienter de façon plus favorable pour les personnes en difficulté. Ce n’est pas la première fois qu’un retournement de conjoncture s’opère sous nos yeux. On se souvient de 2001, de 1993, de 1983. Celui-ci est sans doute plus profond, il atteint davantage de ménages et de façon plus intense que lors des crises précédentes. Alors les auteurs des rapports qui sentent que leurs chiffres et leurs données sont en décalage avec l’air du moment ne peuvent s’empêcher de les commenter, en indiquant que le futur proche ne va certainement pas ressembler à la situation décrite. C’est sans doute une des premières fois depuis longtemps que les études s’interrogent presque en temps réel sur les conséquences à venir des tensions du moment. Comme si l’amélioration constatée n’était qu’un signe avancé des orages à venir. L’Union européenne a lancé un passionnant travail de comparaison des recompositions des politiques sociales territorialisées. Les publications issues de ce programme vont être progressivement disponibles dans les prochains mois. La contribution française constitue d’ores et déjà un véritable régal.