Chaque année quelque 200 postulants se présentent aux épreuves du CAFDES, certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement social et médico-social. En plus de la validation d’exercices techniques, les candidats rédigent un mémoire qu’ils soutiennent devant un jury. Les titres des mémoires sont toujours alambiqués. Il y est question de conduire, de transformer, de rénover, un établissement, un service ou un équipement, pour améliorer le bien-être des populations accueillies tout en répondant, du mieux possible, aux contraintes et aux politiques du moment. Au-delà de cette caricature, chaque promotion raconte une histoire. Non pas celle de la transformation de tel ou tel établissement mais celle, plus globale, du médico-social dans son ensemble. Cette longue histoire qui se raconte déjà depuis plusieurs années est déclinée, comme par un effet de dissémination, avec de subtiles variations, une année après l’autre. Ces inflexions tiennent à la prise en compte de nouvelles législations. Il y eut l’année de la loi 2002-2, puis celle de la participation des usagers, celle, plus récente, de la transformation des établissements en plates-formes de services, ouvertes sur leur environnement. Il y eut aussi la loi de 2005 sur le handicap. La cuvée 2007 a un goût plutôt démographique avec des saveurs gérontologiques. Le temps passé constitue l’arrière-plan de très nombreux mémoires. Les personnes accueillies ont vieilli. Les professionnels se préparent à partir en retraite ou viennent juste de partir. Quelques directeurs d’établissements, souvent les fondateurs, tentent, dans une sorte de « poutinesque » jeu de chaises musicales, de se raccrocher aux branches associatives en devenant les présidents des associations qu’ils ont inventées voici vingt ou trente ans. Créées dans les années soixante dans le secteur du handicap et de la rééducation, ou au début des années quatre-vingts pour le secteur de la lutte contre l’exclusion, les institutions même ont besoin d’un sérieux lifting, le temps du développement protéiforme s’achève, il faut regrouper, rassembler, rationaliser. Un autre cycle s’esquisse.