Comment dire le chômage ? Comment représenter le malheur que constitue la recherche vaine d’un travail ? Imaginons un document qui serait uniquement composé de portraits de personnes au chômage. Chacune de ces personnes se présenterait dans un très court texte de deux à dix lignes mais, surtout, elle présenterait la photographie d’un objet important dans cette vie de demandeurs d’emploi. Quel objet ? La feuille blanche sur laquelle on va devoir donner à un employeur l’envie d’attribuer un poste, le téléphone posé sur la table et dont le fil est débranché, peut-être pour évoquer ces milliers de coups de fil inutiles, le crayon qui permet d’écrire, d’occuper l’esprit, la gélule, celle qu’il faut prendre pour se sentir mieux et avoir “la positive attitude”, le ticket de métro sur lequel on a griffonné un numéro de téléphone. D’une page à l’autre, mieux qu’un long texte, cette suite de photos de la désespérance au quotidien suscite une émotion qui ne se dément jamais. Objets symboles, objets souvenirs, ces “objets-chômages” sont regroupés dans un ouvrage diffusé au profit de l’association “Solidarités nouvelles face au chômage” www.snc.asso.fr et préfacé par Jean-Baptiste de Foucauld, président fondateur de cette association.Pendant longtemps, les associations utilisèrent les chiffres comme instrument de marketing au service de leur cause, à l’appui de leurs demandes ou, plus simplement, pour conforter publiquement leurs actions. Ces temps s’estompent et de nombreuses associations se sont engagées dans un autre usage des données statistiques en créant de véritables observatoires, sources de nouvelles connaissances et d’orientations pour les politiques publiques.Rédigée au moment où les voitures ne s’enflamment plus mais où les couvre-feux demeurent, cette chronique rend compte de plusieurs travaux qui montrent que personne ne pourra dire l’imprévisibilité de tels événements.