Les deux premiers rapports de cette chronique montrent qu’il est possible de conduire une réflexion sur les politiques européennes éloignée de toute caricature mais sans concession intellectuelle ou méthodologique. L’un s’intéresse aux évolutions de la législation sur les retraites. Il montre comment s’opère actuellement une nouvelle articulation entre le droit à la pension et le droit au repos et surtout comment se redéfinit, de façon implicite, un quasi-contrat social. L’autre rapport analyse les tensions et les transformations du droit d’asile en France et dans les autres pays européens. Dans les deux cas, il s’agit de repérer et de comprendre les mutations des politiques qui organisent le social, c’est-à-dire nos relations aux autres, ici, le demandeur d’asile, l’immigré ou le retraité. Dans les deux cas, les politiques et directives communautaires ne surgissent pas ex nihilo mais s’enracinent dans des débats mondiaux et locaux. Plusieurs autres travaux sont issus des appels d’offres de la Mission recherche (Mire) du ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité. Ils portent sur un thème a priori très différent du précédent, celui de l’organisation des relations entre santé mentale, médecine et psychiatrie. Qui doit prendre en charge les souffrances mentales ou psychiques et comment organiser les traitements ? Pourtant, la réponse à cette question ne relève pas seulement d’un débat entre les différents groupes de professionnels ou les institutions de soins, en établissement ou en réseau. Elle renvoie à notre compréhension même de ce qu’est cette souffrance, de sa nature et de l’origine de cette mise en forme d’un mal-être social. Il s’agit bien, là encore, d’un rapport aux autres.