Dans les États nord-américains, les débats sur les indicateurs économiques et sociaux peuvent être très vifs, voire virulents, lorsque les groupes de pression et les milieux académiques se mobilisent pour promouvoir un nouvel indicateur ou pour marquer leur défiance à l’égard de tel autre. Les pays du sud de l’Europe, dont la France, restent plus circonspects à l’égard de la signification réelle et de l’importance à accorder aux chiffres. Certes, quelques discussions transparaissent parfois à propos de la mesure de la pauvreté et des inégalités, mais les principaux, et peu nombreux, indicateurs utilisés comme le taux de chômage ou le PIB ne font plus l’objet de contestations. Dans les milieux du social, si une culture du chiffre a pu s’insinuer au-delà des seuls rapports d’activité, la primauté du qualitatif constitue toujours un préalable indéracinable. Cela constitue un frein qui empêche d’analyser la progression de la demande de données chiffrées dans l’ensemble du secteur et, pourtant, les exemples ne manquent pas. Ainsi, la loi organique des lois de finances (LOLF) réorganise l’action gouvernementale sur la base de programmes associés à des indicateurs de moyens et de performances, les contrats d’objectif et de gestion (COG) qui sont devenus un outil courant des négociations entre l’État et les organismes de protection sociale. Dans tous les cas, on retrouve le même souci de pouvoir rendre des comptes sur le développement des actions, pas uniquement en terme de moyens mais également de services rendus, voire dans certains cas de performances. L’implantation d’une logique de fonctionnement par programme renforce ce mouvement.Deux rapports traitent des indicateurs. Le premier se propose de dépasser les seuls indicateurs économiques et intègre des perspectives environnementales, le second confronte les performances économiques et sociales des différents pays de l’OCDE.