Au moment où Alexis Spire publie un passionnant ouvrage sur le rôle de l'administration française dans la construction des politiques d'immigration alors que Patrick Weil aborde une question voisine sous l'angle des suites de la colonisation ou encore que David Lepoutre travaille sur la mémoire familiale des enfants d?un collège situé en ZEP, dans la littérature grise, les rapports se font plus nombreux sur le thème des demandeurs d?asile. Le rapprochement de ces travaux historiques et des analyses de la situation présente montre surtout nos difficultés à tirer les leçons des événements passés. Les rapports de Christine Dourlens et de Gilles Frigoli s'interrogent sur les recompositions des politiques sociales locales sous l'effet de l'arrivée des demandeurs d?asile. D?autres travaux, non encore achevés, portent sur les itinéraires de vie des populations en errance d?un continent à l'autre. Nous avions rendu compte, l'an dernier, des travaux initiés par la Mire sur les politiques d?immigration et les flux migratoires. L'intérêt de la période est probablement dans le constat de l'existence d'une réactivité des études et des recherches pour décrire les enjeux du moment. Cela ne nous dispensera pas d?attendre quelques décennies pour recueillir les travaux des historiens, mais ces écrits du moment nous interdiront d?affirmer que nos erreurs provenaient de nos ignorances. On ne dira pas la même chose des travaux sur les politiques européennes. En dépit des recherches impulsées ou conduites par la DREES, ou des travaux passionnants d?un Jean-Claude Barbier, le déficit dans ce champ reste abyssal, surtout de la part des Français. Là où nous disposons de deux ou trois rapports, dont celui présenté ici, sur la méthode ouverte de coordination, le centre de recherche européen de l'Université de Wisconsin-Madison (USA) met en ligne une bibliographie de plus de 300 références. Étonnant, non ?